Ce qui doit être accompli pour mettre fin à l'itinérance?

Une provision adéquate de logements sûrs, abordables et appropriés est une condition préalable pour réellement mettre fin à l’itinérance à long terme. Cela implique que les sans-abri chroniques et provisoires sont mis en priorité et que des systèmes permettant à de telles personnes d’être logées et soutenues grâce à des programmes Logements d’abord sont disponibles. Au sein d’un marché de l’immobilier saturé, il n’en est que plus difficile de mettre en place un programme de type Logement d’abord. Il est également très important de résoudre le problème de la provision de logements abordables afin d’élargir l’accès des autres populations prioritaires telles les femmes fuyant la violence, les Autochtones, les personnes âgées et les jeunes.

La résolution de la crise du logement au Canada est en fin de compte une question d’argent − ce qui nous amène à nous demander quelles sont nos priorités nationales.

Les propriétaires canadiens profitent de plus de 8,6 milliards de dollars en impôts annuels et bénéfices divers (Londerville and Steele, 2014). Ce type d’investissement dans les propriétés résidentielles est important parce que cela bénéficie à des millions de foyers à revenu moyen.

Les dépenses dans les logements abordables à l’intention des foyers canadiens les plus défavorisés s’élèvent cependant à moins d’un quart de cet investissement dans les propriétés résidentielles, soit environ 2,1 milliards de dollars par an, et ont diminué de façon considérable au cours des 25 dernières années (Londerville & Steele, 2014; CHRA, 2014; CMHC nd, A, B, C and D).

Il est ironique de constater que cela coûte plus cher d’ignorer notre problème de logement que de le résoudre. L’on estime que l’itinérance coûte plus de 7 milliards de dollars à l’économie canadienne par an (Gaetz, et al., 2013). Bien que le gouvernement du Canada investisse 119 millions de dollars annuellement par l’intermédiaire de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance aux fins de la résolution du problème de l’itinérance (les provinces et les municipalités investissent également), cela ne suffit pas pour le résoudre et, par conséquent, n’a pas mené à une réduction notable de l’itinérance.

En raison du manque d’investissements adéquats dans les logements pour les Canadiens les plus pauvres, le coût des soins de santé, du système judiciaire et des dépenses financées par les contribuables augmentent.

Autrement dit, en tant que Canadiens, nous dépensons plus d’argent pour les gens qui n’ont pas besoin d’aide que pour ceux qui sont dans le plus grand besoin. Et en manquant d’investir dans ceux qui en ont le plus besoin, non seulement nous créons des difficultés pour de nombreuses familles canadiennes, mais créons une dépense considérablement plus importante pour l’économie canadienne.

Nous pouvons faire les choses différemment. Dans ce rapport, nous proposons une robuste stratégie d’investissement dans les logements qui coûterait bien moins cher à l’économie que les coûts actuels de l’itinérance. Les éléments essentiels de notre stratégie, soulignés au chapitre 5, comprennent les propositions suivantes :

Les propositions pour mettre fin a l’itinérance.
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Quel en sera le coût?

Notre proposition d’investissement dans les logements abordables représente une augmentation des dépenses fédérales du montant projeté de 2,019 milliards de dollars à 3,752 milliards de dollars en 2015-2016, avec un investissement total de 44 milliards de dollars en dix ans. Ces propositions ont été soigneusement calculées en nous basant sur les travaux de Jane Londerville et de Marion Steele (2014) et de l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine (ACHRU, 2014).

Bien que cela augmente considérablement l’investissement fédéral actuel, nous croyons qu’en plus d’être une mesure qui s’impose sur le plan moral, il s’agit aussi d’une mesure que nous pouvons nous permettre de prendre. Au cours des 25 dernières années, les dépenses fédérales dans les logements abordables pour foyers à faible revenu (par rapport au nombre d’habitants) a chuté de plus de 115 $ par an à un peu plus de 60 $ (ajusté au dollar de 2013). Nos propositions augmenteraient l’investissement par habitant à environ 106 $ par Canadien par an, soit à 2,04 $ par semaine (à l’heure actuelle, les dépenses par habitant s’élèvent à 1,16 $ par semaine). Bien que cela semble être une augmentation importante par rapport aux niveaux précédents, c’est toujours inférieur à ce que nous payions en 1989. De plus, il est nécessaire de résoudre le problème du déficit des logements abordables cumulé au cours des 25 dernières années. De surcroît, nous proposons que les Canadiens ne dépensent que 88 cents supplémentaires par semaine afin de contribuer à une solution réaliste à la crise de l’itinérance et du logement abordable.

Quels seront les résultats de cet investissement?

Depuis des années, nous avons investi dans des interventions à l’itinérance qui répondent aux besoins immédiats des gens en crise, mais qui n’ont manifestement aucun impact sur la réduction de l’envergure du problème. Notre proposition contribuera à l’élimination de l’itinérance chronique et réduira la probabilité que beaucoup d’autres tombent dans l’itinérance dans le futur.